À peine quelques heures après la fin des manœuvres militaires impliquant les unités de la DCA iranienne, Brian Hook, l'émissaire américain pour l'Iran s'est mis à menacer : " Les pétroliers iraniens ne sont plus à l'abri des incidents". Cette menace à peine voilée est formulée alors même que le monde entier est sur le point de vivre un tournant : l'édifice sanctionnel US se lézarde.
Quelques huit pays au nombre desquels figurent les clients traditionnels du pétrole iranien bénéficient des dérogations, ce qui dévoile le doute mais aussi la crainte qui viennent de s'installer dans le camp américain. En évoquant les récentes manœuvres militaires tenus par l'Armée de l'air et du CGRI en Iran, le général de brigade, Hossein Salami, commandant adjoint du Corps des gardiens de la Révolution islamique a d'ailleurs voulu rafraîchir la mémoire de l'intéressé. Le général a déclaré que les nouvelles sanctions américaines ne sont pas en mesure d’atteindre l’Iran et son peuple qui, comme par le passé, s’en sortiront encore plus fort qu’avant.
« Les menaces, les sanctions, les pressions psychologiques et politiques des ennemis et en particulier des États-Unis, ne sont pas des problèmes inédits. Cela fait quarante ans que l'Amérique agit de la sorte sans pouvoir nous atteindre », a déclaré le général Salami depuis la ville de Damghan (centre de l’Iran) avant d’expliquer :
« Nous avons déjà été dans des conditions bien plus difficiles que celles-ci, lorsque nos ennemis étaient encore bien plus puissants qu'aujourd’hui. Mais notre nation a su transformer ces problèmes en opportunités pour progresser, que ce soit en matière cinétique, économique, de défense ou encore de politique régionale".
Le général Salami a même rappelé la longue expérience du peuple iranien pour résister à l’ennemi et aux sanctions et embargos de tout genre.
« Cette fois, dans un avenir proche, nous verrons tous nos problèmes économiques se résoudre en même temps que nous constaterons le déclin de nos ennemis », a ajouté le responsable militaire avant de poursuivre :
« Toutes les évolutions régionales en cours s’inscrivent dans le cadre d’un renforcement de la place géostratégique de la République islamique d’Iran et aujourd’hui, l'Oumma islamique est en train de se reconstruire une nouvelle identité. Cette identité s'inspire largement du concept de la Résistance et elle fera davantage pencher la balance en notre faveur. »
L'expert des questions internationales, Amin Hoteit réagit à l'entrée en vigueur des sanctions et affirme qu'il ne croit pas un seul instant à une capitulation iranienne. " Cette agression économique que les États-Unis mènent sous labelle des sanctions contre l'Iran veut ramener ce dernier à la table des négociations pour lui imposer une série de mesures : " l'abandon de tous les droits nucléaires iranien, qu’ils soient de nature civile ou militaire, ou en matière de recherche ou d’investissement, l'abandon de tout droit de posséder une force défensive appropriée en fonction des dangers encourus et l’abandon de l’équation de la dissuasion stratégique qui a protégé l’Iran et ses intérêts durant les dernières années, l'abandon des principes de la Révolution islamique et de la cause palestinienne ainsi que son objectif stratégique d’établir un Moyen-Orient pour son peuple, le renoncement de l’Iran à son espace stratégique vital et son exclusion de la carte stratégique régionale, de sorte que les États-Unis puissent semer le chaos dans la région sans encourir de risques qui menaceraient l’exécution du « Deal du siècle ".
Mais l'Iran va-t-il capituler?
Ces conditions sont tout bonnement inacceptable pour une nation et un État iranien qui tiennent à leur souveraineté. Si les États-Unis croient pouvoir mettre au pas l'Iran via le régime fragilisé des sanctions, ils se trompent et cela pour plusieurs raisons, affirme Amin Hoteit : "L’économie iranienne est fondée sur le concept de « l’économie de la Résistance ». Les années de siège et des restrictions ont contribué à relever le niveau de vigueur et de solidité de cette économie à une échelle atteignant 85% d’autosuffisance. De surcroît, les relations iraniennes avec le monde extérieur sont des relations de réciprocité et équilibrées à bien des égards. Le maintien de ces relations ne sera donc pas dans le seul intérêt de l’Iran mais dans celui de toutes les parties, et c’est pourquoi nous avons vu plusieurs pays annoncer leur refus de se soumettre aux « ordres » américains quant au boycott de l’Iran. C'est d'ailleurs cet état qui a contraint les États-Unis à exempter huit pays de leurs sanctions, et les a conduit à renoncer au principe « zéro exportation de pétrole iranien ». Mais ce n'est pas tout : l'Iran a désormais recours aux alternatives financières et économiques et s'ouvre aux devises étrangères pour se servir de monnaie de substitution. Il s'ensuit une expansion du commerce international par le troc ou dans les monnaies nationales des États, ce qui porte préjudice au dollar et aux États-Unis et ouvre la voie à un nouveau système financier mondial qui ne s’adosse plus au dollar en tant que colonne vertébrale".
Et l'analyse évoque les mesures préventives anticipatrices, annoncées ou dissimulées, que l’Iran et ses alliés ont prises pour contourner les sanctions américaines : "En effet, la position de pays, comme la Russie, l’Inde, la Chine et l’Union européenne, dont l’intérêt est l’échec des États-Unis dans leur guerre économique contre l’Iran, est un grand allié pour les Iraniens. Parce que ces pays et entités politiques sont bien conscients que le succès américain dans son entreprise anti-iranienne encouragera les États-Unis à en faire un outil stratégique. Le concept d’un ordre mondial unipolaire, où les USA trôneraient seuls sur le monde et sans rival, est révolu. En ce sens, l’échec de la guerre économique américaine contre l’Iran constitue aujourd’hui un intérêt international et un service à rendre au droit international".